La téléradiologie a évolué, passant d’une menace potentielle à une technique traditionnelle d’imagerie médicale, mieux acceptée et améliorant grandement l’accès aux soins d’un grand nombre de patients. Désormais, beaucoup de services utilisent la téléradiologie ou la lecture externe des examens. Néanmoins certains obstacles ne lui permettent pas encore d’atteindre son plein potentiel.
La pandémie de COVID-19 n’a fait que renforcer le rôle capital joué jusque-là par la téléradiologie, permettant le respect des consignes sanitaires et des gestes barrières en exposant beaucoup moins le personnel hospitalier et permettant une meilleure absorption des pics de volume importants pendant ces deux vagues épidémiques.
La pandémie globale de Coronavirus a obligé les systèmes de santé à repenser le système de soins apporté au patient et de nombreuses pratiques de radiologie ont suivi cette évolution, réussissant à mettre en œuvre la lecture hors site dans un workflow clinique quotidien. Cette évolution est mise au jour dans une étude publiée au Journal of the American College of Radiology (Source : Journal of the American College of radiology - Off-Site Radiology Workflow Changes Due to the Coronavirus Disease 2019(COVID-19) Pandemic) en date du 18 mai 2020 et cette tendance de la lecture à distance ne fera que gagner en importance dans les années à venir.
Historiquement les centres d’imagerie ont retardé l’utilisation de la téléradiologie dans le cadre d’un workflow clinique normal mais au plus fort de l’épidémie cette tendance s’est complètement inversée et de nombreux centres d’imagerie intègrent désormais cette pratique au quotidien. Cette étude révèle aussi que les pratiques en radiologie ont évolué et trouvé dans cette technique de nombreux bénéfices qui les incitent à poursuivre et amplifier la prise en charge de patients à distance y compris après cette épidémie.
La téléradiologie devra relever plusieurs défis majeurs afin de s’imposer dans le paysage industriel de l’imagerie médicale. Lorsque la téléradiologie a débarqué dans cette industrie, elle était très controversée, allait-elle retirer et concentrer les tâches essentielles loin des centres de soins ? Ouvrait-elle la voie à une productivité encore plus grande ? Mais au fur et à mesure de son utilisation grandissante, les nombreux avantages qu’elle procure ont clairement été identifiés.
Elle permet en premier lieu de répondre en partie à une des plus grandes problématiques actuelles en France avec le manque de praticiens radiologues dans certaines zones géographiques du territoire. Par conséquent elle permet un meilleur accès aux examens radiologiques dans des territoires en pénurie et réduit ainsi l’inégalité d’accès aux soins pour les patients vivant dans ces zones.
La téléradiologie procure aussi une grande flexibilité notamment dans le cadre des gardes et des astreintes. La réalisation des examens à distance permet aussi le maintien de structures de proximité avec des plateaux techniques qui font interpréter les images à distance, parfois en urgence et unit les moyens d’un territoire pour assurer la continuité et la permanence des soins en radiologie. De nombreux autres avantages peuvent être cités comme l’accès équitable aux examens quel que soit le lieu de prise en charge du patient, une accélération du délai de prise en charge pour ne citer que ceux-là…
Parmi les défis auxquels la téléradiologie doit faire face, la question du modèle économique et du financement est prépondérante, ils doivent préserver l’indépendance professionnelle, la juste rémunération des activités ainsi que la pérennité du modèle économique. En France, le Conseil Professionnel de la Radiologie Française (G4) a fait le choix d’encadrer la pratique par la création d’une charte dédiée à visée éthique qui permet de diffuser les bonnes pratiques. Cette charte définit clairement les objectifs d’organisation, la répartition des rôles de chaque intervenant, les conditions techniques indispensables à la réalisation d’un acte de téléradiologie ou encore la rémunération et les frais de fonctionnement. Cette charte complète le corpus législatif du code de la santé publique.
La composante technologique ne doit pas être négligée, elle est primordiale dans le domaine de la téléradiologie, les outils techniques que sont le matériel d’une part et les logiciels ainsi que les réseaux qui assurent le transfert des images médicales avec les moyens de communication complémentaires sont d’une importance primordiale. Intrasense dispose d’une gamme étendue d’applications cliniques qui peuvent toutes être déployées et intégrées dans des réseaux de téléradiologie. Les radiologues bénéficient ainsi de tous les outils dont ils ont besoin ou qu’ils soient et à n’importe quel moment ils disposent aussi d’un workflow clinique homogène et adapté à leurs besoins en fonction des examens réalisés.
En termes d’organisation, l’implication, l’animation, le suivi et l’adaptation aux évolutions des pratiques, des besoins, des ressources humaines et matérielles disponibles doivent être régulièrement appréhendés afin de faire vivre durablement un réseau de téléradiologie. Un encadrement permanent ainsi que des actions régulières de formation et leur évaluation sont indispensables. Tout comme la participation des médecins au dispositif.
La téléradiologie est une activité qui va se développer de manière mécanique pour des raisons en grande partie démographiques et géographiques. L’augmentation de cette activité dans les années à venir ne fait aucun doute. La situation exceptionnelle que nous avons vécue cette année a sans conteste favorisé l’utilisation de la télémédecine en général et de la téléradiologie en particulier. Cette période a fait prendre conscience à un grand nombre que cette pratique est un excellent moyen d’assurer la continuité des soins aux patients sur l’ensemble du territoire.
Parler de téléradiologie, c’est comme parler de télécommunication. La téléradiologie aujourd’hui fait partie intégrante du métier de radiologue, de même que le téléphone, internet et les réseaux sociaux font partie de notre communication.
Comme le rappelle la charte du Conseil Professionnel de la Radiologie Française, ou G4, "la télétransmission d’images sur le plan technique, ou la téléinterprétation sur le plan médical, ne sont chacune que des étapes dans la pratique de la téléradiologie et ne peuvent pas résumer l’acte médical global de téléradiologie".
Il ne faut pas confondre la “télétransmission” ou “téléinterprétation” d’images, qui s’apparente plus à une télé expertise, avec la téléradiologie, dans laquelle le radiologue exerce son métier en pleine responsabilité, et qui nécessite des organisations et des outils bien spécifiques, dans lesquels le radiologue protocole ses examens, est en contact avec le manipulateur, le correspondant et le patient.
Il ne faut pas confondre “visualisation d’images à distance” et prise en charge téléradiologique, celle-ci exigeant des outils de post-traitement avancé, des conditions d’interprétation standardisées et à l’état de l’art sur du matériel certifié et engageant la responsabilité du radiologue.
Un radiologue, qu’il soit à la console près du manip, en salle d’interprétation, ou dans le cabinet ou l’hôpital dans lequel il exerce, est un médecin qui prend en charge un patient, et ce travail ne se résume pas à interpréter des images. D’autre part, le G4 le rappelle, cet exercice est soumis "aux mêmes obligations de moyen, de sécurité et de qualité, encadrées par les règles de déontologie médicale et de bonnes pratiques professionnelles".
Une téléradiologie bien pensée est un mode d’organisation, au service d’un projet médical, qui garantit sécurité et qualité des prises en charge.
Elle permet en effet de garantir l’accès aux soins sur tout le territoire, en termes de permanence des soins mutualisée, par exemple, ou de renfort en ressource médicale en zone sous dense, mais aussi l’égalité d’accès à l’excellence de ces prises en charge, en permettant l’exercice en équipe de médecins radiologues, les réunions de concertation pluridisciplinaires, et l’accès aux meilleurs spécialistes du territoire quel que soit le lieu de prise en charge du patient. Elle n’est nullement une fin en soi, et doit s’articuler avec une organisation toute aussi efficiente et qualitative des activités plus cliniques du radiologue, échographie, radiologie interventionnelle, etc.
Ainsi, la téléradiologie au service d’un projet médical, appuyée par des outils numériques professionnels à l’état de l’art, est un puissant facteur d'efficience et de qualité du système de santé.